Le petit roi, enfant autiste

Comme je l'ai déjà indiqué dans le message d'accueil, la nounou de notre enfant a de nombreuses qualités, dont celle d'écrire de très jolis poèmes. Un certain nombre d'entre eux sont consacrés à sa vie au quotidien avec notre enfant. Elle a eu la gentillesse de me permettre de vous les présenter ci-dessous. Qu'elle en soit mille fois remerciée, pour cela et pour tout ce qu'elle fait pour notre famille.

25 mai 2007

LE PETIT ROI

Je connais un enfant des merveilles
Un enfant soleil
Un petit roi
Une petite fleur en forme de cœur
Sur sa tige trop grande
Sa bouche de miel laisse s’envoler les mots dans le vent
Comme des papillons de hasard
Ils tourbillonnent dans l’air
Si beaux
Si agaçants quelquefois
Ses mains tracent dans le ciel des tourbillons anarchiques
De grands dessins magnifiques
Lorsque son cœur déborde de joie
Je connais un enfant merveilleux
Un enfant heureux
Pas tellement différent de toi
Un petit roi

6 juillet 2007

POUR MON PETIT ROI

Le petit roi dort ce soir loin de moi
Il a couru joyeux vers d’autres destins
A tout à l’heure dit-il et je le vois
Qui monte l’escalier jusqu’à demain matin
Jusqu’à demain c’est ce que tu crois petit roi
Car le temps pour toi s’enroule sur lui même
Mais moi je sais que ce demain va durer deux longs mois
Je vais regarder ton petit lit nostalgique
Et penser souvent aux instants magiques
Et j’attendrais avec impatience
La fin des grandes vacances
Pour pouvoir encore râler quand tu me gaves
Où trouver tes petites bêtises pas graves
J’ai hâte de voir tous les progrès que tu vas faire
J’ai confiance en toi dans cette affaire
Le travail pour toi est un jeu d’enfant
Les jeux d’enfant c’est une autre histoire
Petit roi profite bien de tes parents
Et garde ta nounou dans ta mémoire


9 août 2007

UN DROLE DE CADEAU

Quand tu leur parles tu vois que quelque chose cloche

J’ai déjà entendu que ça ne se voit par sur eux
Et moi je met ma main au fond de ma poche

Je serre les dents et je ferme les yeux

Je ne me lancerai pas dans des détails techniques

Je n’expliquerai pas la triade autistique

La vie leur a fait un drôle de cadeau

A ces deux petits bouts un sacré fardeau

Et eux ces coquins tous les deux

Ils ont le toupet d’être heureux

Les garder tous les deux, ça n’a rien d’héroïque

Tu ne peux pas comprendre que parfois c’est magique

Le temps du hasard ils se retrouvent chez moi

J’ai cessé depuis longtemps de demander pourquoi

Je suis tombée dans piège d’amour profond

Une seul petit sourire et je fonds

Même s’il a fallu des semaines d’efforts

Pour que le petit prince se laisse apprivoiser

Un grand vent de panique quand on parle trop fort

Et voilà que tout est à recommencer

Garder toujours présentent les mêmes habitudes

Remplir leurs deux cerveaux de certitudes

Leur apprendre à jouer car ils ne savent pas

Et mettre de force leurs pas dans nos pas

Si tu doutes parfois de leur intelligence

C’est que dommage pour toi tu n’as pas eu la chance

D’essayer de comprendre que dans la différence

On rencontre autre chose que de la démence


10 août 2007

J'AI VU MON PETIT ROI

Aujourd’hui c’est la fête mon cœur est en délire

j’ai vu mon petit roi j’ai vu mon petit roi

Il saute il danse c’est le fou rire

De loin il revient jusqu’à moi

J’avais besoin d’entendre son langage

Ses phrases toutes ficelées dans ses jolis bagages

Je voulais ses grands sourires et ses petits bisous

Un gros calin caline assis sur les genoux

Je voulais l’entendre dire : « on mange quoi à midi »

Qu’il me raconte encore ce qu’il fait chez Mimi

Qu’on s’extasie ensemble devant les beaux tracteurs

Qu’on partage tous les deux des moments de bonheur

Avec papa maman il passe de bonnes vacances

Le voilà reparti pour un grand tour de danse

Sournoisement je lui propose de rester avec moi

Il hésite il balance vraiment quel drôle de choix

Mais le cœur de maman ça l’a ensorcelé

Et toi quand même dit donc tu l’as toute l’année


16 décembre 2007 (accompagnement de notre fils au CMP)

UN AUTRE RENDEZ-VOUS SECRET

Parmi mes rendez-vous secrets

Il en est un où des chaises sans âmes

Attendent en silence que les drames

Viennent à elles comme des pelotes nouées

Lieu d’attente rempli d’angoisses palpables

De gens stressés et d’autres aimables

Qui font une halte de vie entre parenthèses

Pour déposer ici les fardeaux qui leur pèsent

Le lieu est gris et triste la salle obscure

Des bruits de confidences ruissèlent le long des murs

Des enceintes sont accrochées au plafond

Il semble que jamais n’en soit sorti un son

Une table basse avec des coins pointus

Jonchées de livres mille fois vus et revus

Pourtant j’accompagne ici un enfant joyeux

Qui illumine par sa présence l’austérité des lieux

Nous avons maintes fois transformé cet espace

En terrain de jeu magique et merveilleux

Forcé des gens à nous regarder dans les yeux

Nous avons maintes fois brisé de la glace

Et vendu pour pas cher la clé de notre amour

A certains fantômes qui étaient venus pour

Trouver un autre avenir un autre ailleurs

Epuisés dans leur quête de jours meilleur

10 février 2008

UNE BELLE PHOTO

Une photo pour moi

Une photo pour toi

J’ai fait photographier le soleil

Sur un papier vermeil

Un petit sourire franc et généreux

Le petit roi qui rigole en regardant la tête du monsieur

Qui s’agite devant lui avec sa boite à lumière

Qui lui dit de sourire mais pour quoi faire

Il reste bien assis sur le tabouret

Moi si je suis gentil tu me feras mon goûter

Et maman elle sera contente d’avoir une belle photo

Oh regarde comme tu es beau

Le petit roi est content de voir son image

Il répète moi je suis très sage

Et le monsieur qui a capturé son visage

Artiste observateur brillant personnage

Comprend comment parler à l’enfant

Lui montre de belles photos de volcans

Volcan volcan s’amuse le petit roi

Les mots sont magiques quand ils sortent tout droit

D’un esprit juste et réfléchi

D’un homme qui aime toute vie


6 mars 2008

PARLER A TA PLACE

Tu as du penser parfois

Que je manquais de confiance en toi

Mon petit roi

J’ai répondu parfois

Aux questions que les gens te posaient

Comme si tu n’étais pas capable d’ajuster

Ton langage sur leur paroles obscures

Et pourtant il y a une chose dont je suis sûr

C’est que pour les mots tu es un seigneur

Capable d’obtenir ce que tu veux sur l’heure

Sans kilomètres de négociations

Sans faire tourner les gens en rond

Je ne parle plus jamais à ta place

Il n’y a pas de raison pour que les personnes

Ne comprennent rien à tes mots qui résonnent

Plus tu parles et plus la différence se tasse

Dans ce qu’ils imaginent que tu es

Un enfant amusant et enjoué

Pas besoin de leur faire des conférences

Sur la manière dont je crois que tu penses

Toi et moi on pense pareil

Toi et moi on est des soleils


9 mars 2008

ARRET SUR IMAGE

Quand mon petit roi devient tout bleu

Quand il tombe brusquement à mes pieds

Tout à coup la terre s’arrête de tourner

C’est la fin du monde c’est comme un adieu

Quand dans ses yeux il n’y a plus de lumière

Quand je me transforme en son infirmière

Pour entendre le tic et le tac de son petit pouls

Et qu’il faut absolument qu’on lui injecte

Ce que certains prennent par confort ça me débecte

Tout à côté de lui je me mets à genoux

Et je blasphème comme une vieille sorcière

Avec dans la bouche un goût de poussière

Quand mon petit roi dénie son accès

Quand mon petit roi veut plus rebouter

J’ai des peurs de mort qui viennent chatouiller

Des coins pas très propres de mon cervelet

Heureusement depuis que t’es plus dans la classe

De cette je peux pas dire mais ça finit par asse

Tu es moins tourmenté et toutes tes angoisses

Se sont envolées au mois de juin comme par magie

Et si j’avais pas si peur de te porter la poisse

Je finirais par croire que l’épilepsie c’est fini

14 mars 2008

PARFOIS LES ROLES S'INVERSENT

Journée de soleil journée de chaleur

Soudain l’allégresse vogue en mon cœur

C’est compter sans les sournois les sans cœur

C’est compter sans les empêcheurs

De tourner en rond

Ceux qui apparaissent alors qu’on

Avait oublié jusqu’à leur infortune

Ceux dont les épines se détachent

Aux quatre vents comme des taches

D’amertume et de vielles rancunes

Ceux qui cultivent leurs idées noires

Comme d’autres des lueurs d’espoir

Ceux qui perdent le vrai de vue

Et nagent entre fantasmes et réalités

Qui ne savent plus comment s’ajuster

A la vérité toute nue

Heureusement dans l’atelier bonheur

ELLE cuisine mes idées sombres

Heureusement tout à l’heure

Le petit roi va venir couvrir les ombres

Répandues par l’agitation de l’onde

Et nous tourneront encore les rondes

Paisibles au calme tranquille

Loin des empêcheurs aux pensées subtiles

Et compliquées et qui c’est qui reçoit aujourd’hui

Des atouts qui libèrent de l’ennui

Et qui c’est qui console qui finalement cajole

On dirait que parfois s'inversent les rôles


17 avril 2008

DIAGNOSTIC

Ca y est on a posé mon petit roi sur une étagère

Autiste de haut niveau ou syndrome d’Asperger

Possible par conséquent de s’intégrer dans la société

Pas de déficience intellectuelle associée

Trois mots quatre paroles obscures

Ai-je tout compris ce n’est pas si sûr

C’est bien pourtant d’avoir des mots pour les choses

O bien sûr ça ne repeint pas toute sa vie en rose

Ni celle de sa famille au sens très élargi

Mais cette fois c’est dit c’est officiellement dit

Ces mots sont nos passeports pour l’école

Un super faire valoir pour tous ceux qui s’y collent

Ca ne change pas grand chose à l’amour que j’ai pour toi

Ca ne transformera pas nos petits quotidiens

Nos séquences idéales ou nos galères de choix

Nos mots gentils les fleurs sans tige les petits rien

Tu ne seras toujours pour moi qu’un petit garçon

Je serai toujours celle qui te chante des chansons

Et nous continuerons à vivre cahin-caha selon nos humeurs

Les pires enfers ou les plus grands bonheurs


13 mai 2008

CE N'EST PAS GRAVE

Ton doigt de cristal se lève vers le ciel

La pureté se détache lorsque tu touches

L’innocent chagriné au cœur de miel

Malgré toi tu révèles aussi les louches

Les salauds démasqués leurs artifices

Le bon droit dont ils se servent d’office

Pour enfiler des bâtons dans tes roues

Ils se croient justes et ils se jouent

De toi à ton insu mais tu t’en fous

Jamais aucun chagrin ne viendra à bout

De ton éternelle bonne humeur

Les enflures n’auront qu’à servir leur rancœur

Sur des plateaux dorés à tout leur entourage

Jamais ils n’auront le plaisir de te mettre en rage

Jamais ils n’arriveront à la cheville de ton courage

Jamais autant que toi ils ne pourront être sage

Car dans le monde où tu vis chacun est bon

Tous sans exception te servent bienveillance

Et tu ne vois que le côté brillant de ta chance

Mais nous autour de toi nous les voyons

Ces pourvoyeurs de méchantes romances

Ces gens fatigués avant de prendre la cadence

Et notre peine est grande souvent

Et notre combat d’avance souvent perdu

Mais au milieu des obstacles parcourus

Nous avons rencontré tant de gens

Qui étaient bons et simples et sans gène

Que ça en valait vraiment la peine


24 juin 2008

UN NOUVEAU BAC A SABLE

Le petit roi teste le nouveau bac à sable

Ca pique ça gratte c’est instable

J’enterre ses petits pieds

C’est une très mauvaise idée

Il faut maintenant cent fois que je promette

De ne plus recommencer

Petit à petit son trou est creusé

Le nouveau lieu apprivoisé fait recette

L’enfant joue comme n’importe quel enfant

Il creuse gratte et prend du bon temps

Un quart d’heure de bonheur de jubilation intense

Celui qui a fait ce bac a eu une bonne idée je pense


27 septembre 2008

IL A BIEN TRAVAILLE

Le petit roi est rentré à la maison en car

Ses bras fixés vers un imaginaire en grand écart

Il dessine pour moi le trajet comme une ronde

Qu’il vit encore seconde après seconde

Il me parle de cet être chanceux le chauffeur

Qui peut être ne connaît pas son bonheur

De manger dormir et vivre tout le temps là dedans

Dans l’imaginaire de mon roi il n’en est pas autrement

Il fait ses souvenirs un peu plus épicés

Un camion de pompier qu’il aurait rencontré

Le tracteur de Mimi qu’il croisait en chemin

Joyeuse cohorte de véhicules caha-cahin

Grimpant en grand cortège le long de la colline

Honorant le petit roi travaillant bien à l’école

Saluant sa puissance lorsqu’il veut bien qu’elle décolle

Au sommet l’enfant est un héros raccompagné comme il se doit

Radieux exultant les yeux qui s’illuminent

La porte s’ouvre sur le triomphe de mon roi

Ici l’attend sa cour qui n’en finit pas

De s’extasier avec lui sur la chance qu’il a

Son récit est précis inventif amusant coloré

Qui aurait dit il y a peu qu’il saurait si bien raconter


17 octobre 2008

AMOUR EN DANGER

N’aie pas peur mon petit roi adoré

Rien ni personne ne pourra jamais

Manger le bout de cœur où je t’ai logé

Ni même seulement pointer le bout de son nez

Sans trois tonnes de laissez passez

Ne laisse pas les craintes te dévorer

Saupoudrer sur tes nuits des visages tordus

Des paroles insipides des elle ne t’aime plus

Sa maison est pour d’autres elle les tient dans ses bras

Je te l’ai dis crois moi les cœurs des nounous

C’est élastique comme des bouts de caoutchouc

Ca gonfle pour un sourire et pour un premier pas

C’est assez grand pour abriter des tas

De petits bouts et de grands loups déjà


20 octobre 2008

MAMANS SPECIALISEES

Aucune mesure n’existe pour le chemin parcouru

Les pavés de l’enfer brûlant sous leurs pieds nus

Aucun concept aucune quantité

Rien de tout cela ne sera jamais assez

Pour dire combien d’efforts entrepris chaque jour

Pour mesurer les doses quotidiennes d’amour

Qu’elles doivent déverser en flot continu

Sur les têtes blondes de leurs petits anges déchus

Rien ni personne ne dira jamais le courage

Des mamans amoureuses de leurs enfants trop sages

Culpabilisées torturées par des psys d’un autre âge

Et qui savaient avant tous que sous les petits visages

Se cachaient des trésors à réveiller d’urgence

Par un langage d’amour et des mots de patience

Pleurez mes belles de fatigue de rage et d’impuissance

Pour poser en eaux claires les mots trop durs à dire

Qu’ils s’évaporent avec elles comme de vieux souvenirs

Et ne laissent après eux qu’une nouvelle échéance

Vers un futur construit de toutes les espérances

Les peut être les possibles même les toutes petites chances

De leur faire une vie belle

Un vie construite à leur échelle


17 décembre 2008

PETIT THEATRE A DEUX

Notre tournée mondiale commence au quartier

Assis dans le salon nous voilà bien entourés

Par nos spectateurs avides de savoir

Ce qu’il y a dans notre spectacle à voir

Ensemble avec mon roi nous avons mis au point

Un gentil petit théâtre à jouer à deux au moins

Et nous voilà en représentation devant le beau monde

Oubliées les réflexions de ces gens immondes

Qui nous avaient laissés moroses

Aujourd’hui à nouveau c’est la belle vie en rose

C’est la fête de Noël entre copains et copines

Ici de nos âmes nous avons ôté les épines

Et demain nous irons encore en représentation

Dans un autre village pour une récréation

Et demain je serai si fière de mon roi

Comme aujourd’hui tenant son rôle à mes côtés

Que je bénirai les dieux le destin ou le hasard sucré

Qui déposa cet enfant ici tout près de moi


5 mars 2009

LIRE SUR TON VISAGE

C’est une geste un regard

Une posture qui s’égare

Dans l’espace

Une intuition qui prend sa place

D’œil à corps

De cœur à esprit

Chemin de déduction mûri

Intuitif posé au bord

De la parole silencieuse

Le coin d’une bouche rieuse

C’est un sourcil levé

Froncé d’allure étonné

Un œil qui brille de joie

Ou de peine comment faire le choix

Comment lire l’humeur sage

Les traits mouvants sur ton visage

Qui se fond dans le décor

Es-tu contente ou fâchée

Vas-tu me gronder ou me féliciter

C’est à peine si je sais quand tu dors

J’ai peur de me tromper de mal faire

Je crains toujours si fort de te déplaire

Voilà pourquoi toujours je t’interroge

Comment j’affronte les angoisses qui se logent

Dans tes états d’âmes et dans les miens

Je voudrais tant pourvoir deviner

D’un seul petit coup d’œil si rien

Ne vient obscurcir notre ciel étoilé

Ce que tous dès petits savent vérifier

Mais la nature s’est faite capricieuse

Tous les sous-entendus elle me les a cachés

Rendant ma perception du monde très curieuse


1 avril 2009

HISTOIRE DE POISSON

J’ai nettoyé mon aquarium avec un poisson dans le dos

Accroché matin levant par un petit roi rigolo

Qui lisait sur son agenda que c’était un jour à poissons

Mais en accrocher un sur lui alors là pas question


10 juin 2009

QUAND LE ROI CHANTE

Quand le roi chante naissent des rivières

Gonflent gros comme des châteaux des cœurs de pierre

Fondent des barrières plantées sans consistance

Meurent des vieilles idées sur la différence

Quand le roi chante se lèvent des arcs-en-ciel

Il pleut sur la terre pour laver tout le fiel

Enlever les goûts d’amertume tenace

Faire fondre les barreaux de glace

Quand le roi chante mon cœur à l’unisson

Tremble pour que sa voix juste dans le ton

Porte au loin nos espoirs et nos satisfactions

Monte à marée haute des vagues d’émotions

Quand le roi chante récompense en nature

Le chemin parcouru ne paraît plus si dur

L’avenir prend des teintes de souriant futur

A sa portée s’entrouvrent d’autres aventures


12 septembre 2009

RENFORçATEUR

C’est la récompense d’un roi qui toujours à la tâche
Doit peiner sans fin et sans jamais de relâche
Le grand moment de transe au bout d’un espoir infini
Le bonheur sublime tel qu’il est consenti
Par un destin capricieux qui distribue le plaisir
Dans des actions pour lesquelles ton mépris
S’afficherait en grand et tu serais surpris
Par ce qui hisse mon roi au summum et le fait frémir
Pour progresser sans cesse vers un avenir incertain
Les promesses s’enchainent on augmente son butin
De petites babioles ou de flatteries outrancières
Donnant à son accueil des allures princières
On lui offre un trajet sur un carrosse de choix
On lui délivre des accès au virtuel qui pourvoit
A sa dose d’images sublimes et sublimées
Photos et vidéos d’engins de tracteurs enregistrées
Par des mordus qui sans savoir les ont déposées
Si près de ses doigts si agiles sur le clavier

28 septembre 2009

NE FERME PAS LA PORTE, IL A PEUR DE ÇA

Le petit roi a peur du noir
Des images furieuses s’immiscent le soir
Dans les rêves de tracteurs et d’autobus
Un peu de lumière un câlin il n’en faut pas plus
Pour donner à la nuit des apparences qui rassurent
Je reste un peu à côté de lui pour soigner les blessures
Qui se creusent à mesure que le monde grandit
Autour de ses pas et dans son esprit
Un jour ou l’autre tu aimeras la lueur de la lune
Et tu sauras que s’éclairent les étoiles pour toi
Chacune souriant à ta bonne fortune
Les voutes célestes sont les joyaux des vrais rois

21 octobre 2009

PETITS MOYENS DES GRANDS, GRANDES REUSSITES DES PETITS

Il faut que je tire ma révérence
A une maîtresse qui tout en silence
A su trouver le chemin qui mène aux pensées
Obscures étonnantes vibrantes et compliquées
D’un petit roi bruyant et pas toujours discipliné
Il faut aussi que je salue la patience
Les prémices d’essais les douleurs les souffrances
Qui remuent les êtres qu’on laisse regarder
L’autisme seuls et sans conseils avisés
Il faut que je dise aujourd’hui on ne sait pourquoi
Les rêves des grands et les petits moyens engagés
Pour que soient scolarisés les petits princes et rois
Avec le commun du peuple sans les convenances
Sans savoir les peurs les chagrins les rituels
Sans savoir ce qui convient pour donner une chance
De marcher sur les préjugés en écartant les ailes
Tout en délicatesse assistée par un ange
Elle ne sait sans doute pas tout ce qui s’engrange
Dans la tête des gens à qui elle montre le possible
Discrète et tenace sans jamais se mettre en cible
De louanges et des honneurs mérités
Saurons-nous jamais assez la remercier


17 novembre 2009

ANGE VRAIMENT SYMPA (poème dédiée à Elodie, l'AVS de notre petit roi)

Il y a derrière le roi
Une ombre qui se cache
Efficace discrète et tenace
Une main qui guide les doigts
Malhabiles et qui remet à l’endroit
Les idées tordues des neuro-typiques
Un cerveau qui traduit et explique
Comment on pense en cet endroit
Il y a derrière le succès
Une experte en tactiques appliquées
Pont entre deux mondes
Traductrice en langue des ondes
Qui n’a pas peur de mettre un peu d’amour
Là où d’habitude on ne le fait pas
Et qui ne peut que se féliciter du résultat
Ange gardien rencontré au détour
D’un lieu remplis de douleurs et de choses belles
C’est confiance quand le roi se cache sous son aile

27 janvier 2010

ASSISTANTE DE ROI (Poème dédié à Marie, qui remplace Elodie, AVS auprès de notre fils)

Voilà c’est toi qui t’y colle
Assistante de roi as-tu jamais rêvé
D’accompagner les espoirs d’école
D’un monarque de sa cour isolé
Passé la surprise de le voir compter si vite
Bien plus vite que nous
Voilà déjà qu’il faut que tu limites
Ses débordements qui nous rendent fous
Tu viens de poser le doigt sur un enfant lumière
Il faut faire attention de ne pas plonger toute entière
Dans sa contemplation
Le coquin croit moi saurait y faire
Pour jouer sur tes émotions
Mais confiance il n’y a pas de mystère
Pas de secret pour être parfait
Deux ou trois trucs seulement à apprivoiser
Et la vie au lieu de se faire un enfer
Devient douce autour de l’enfant qui luit
Les meilleurs conseils sont ceux de sa mère
Ce qui reste obscur elle nous le traduit


9 février 2010

CHACUN SA FOI (Poème dédié à Nelly, psychologue)

Voici un petit clin d’œil
Pour une pragmatique peu commune
Défaut de Freud et sans arme à l’œil
Qui remet sur les rails plus d’une
Famille en détresse
Avec des conseils concrets
Pas des galimatias de prêtresse
Des moyens faciles à utiliser
N’hésitant pas à dépoussiérer
Quelques collègues arriérés
Sans doute jette t’elle un regard de travers
De temps en temps métier pervers
Où l’on trifouille allègrement
Dans l’art de penser des gens
Elle ne dit pas voilà ce que vous avez
Il est plus que temps de vous en occuper
Si vous cessiez de séduire votre père
Quel curieux rapport avec la matière
On dirait plutôt que les cordons elle s’en sert
Pour resserrer ce qui s’effiloche derrière
Elle redore en conscience le blason des mères
Les compétences qu’elles ont elle s’en sert
Pour faire avancer la cause en laquelle elle croit
Ce qui l’anime est plus fort que la foi
28 avril 2010

SURPRISE D'AMOUR (poème sur les rapports avec la petite fille, nommée ici "surprise",  qui est gardée avec le petit roi chez notre nounou poète)

T’avais peur mon roi de perdre ton prestige
Peur qu’elle te chasse qu’elle te fige
Dans un état second t’avais peur plus que de raison
Tu tremblais à l’annonce de l’arrivée de Surprise
Et voilà que tu succombes au charme de ses bêtises
Voilà qu’elle te manque que tu chantes son prénom
Que tu t’inquiètes pour elle quand je lève le ton
Tu croyais que l’amour ça se scinde en morceaux
Que ta récolte brisée serait jetée aux corbeaux
Et voilà que tu découvres les bourgeons nouveaux
De notre arbre d’amour qui grandit fort et beau
30 mai 2010 

CIVET DE CHAT MALIN (poème en lien avec nos déboires au jardin (voir ici) )

Chercher une recette de civet de lapin
Remplacer lapin dans le texte par chat malin
L’imprimer en sales caractères sur un papier gris souris
Plastifier le résultat pour protéger des intempéries
Planter un manche à balais à côté du jardin
Faire accrocher la recette par des petites mains
Et si l’animal vient encore grattouiller en balades
C’est qu’il croit qu’on lui raconte des salades

1 juin 2010

Ce qui s'inscrit.... (poème en hommage à l'éducatrice du SESSAD)

Ce qui s’inscrit sur le visage dans les yeux
Monique ce qui se dit ce qui se pense
Tout ce qui fait qu’on est assis dans une balance
Ça n’atteint jamais son ciel qui est toujours bleu
Ça n’atteint jamais de vilains gros nuages
Tout ce qui s’inscrit autour d’elle est sage
Calme tranquille efficace discret et utile
Ce qui se dit au coin de la porte trop lourde
Les pleurs silencieux les désarrois inutiles
Tout cela glisse comme sur une grande courbe
Et s’envole en poids allégés comme de vieilles plumes
En feuilles vrillées pour automnes attardés
Bruits incongrus sur oreilles attentives et jamais étonnées
Tout ce qui se terre se recouvre de brume
Elle prend tout elle caresse nos heures qui désespèrent
Et nous donne en échange de nos peaux de misères
Du temps un peu de temps à passer ensemble comme hier
Quand nous étions d’insouciantes filles volant dans les airs
Et que nos pieds n’étaient pas chaussés de grosses enclumes
Elle ressuscite nos bonheurs à titre posthume
En nous donnant un peu de temps pris dans son urne
Et ce don est plus précieux que toute autre fortune

5 octobre 2010

A la bonne école


J’écoute une phrase évaporée un chant
Surement le bruissement du vent
Un enfant qui chante en revenant de l’école
J’écoute le bruit que fait le bon temps
Je savoure le discours d’un roi qui décolle
Celui d’un prince à sourire de printemps
J’entends les murmures qui sont des oboles
Le calme répandu sur bonnes paroles
Je vois autour des lutins des gens de confiance
Les mots échangés font d’agréables confidences
Évaporés les regards effrayés les inconsistances
Le roi et le prince vont à bonne cadence
Jetés par-dessus bord les souvenirs pervers
Il semble que les deux sont en avenir ouvert
Et que l’école leur fait un pont pour traverser la rivière
Avec des mains tendues pour ne pas glisser sur les pierres

18 octobre 2010

Il a encore peur de ça.

Crise de panique dans notre univers
Le petit roi s’est mis la tête à l’envers
Il hurle et crie comme un écorché vif
Je ne sais que faire à part m’arracher les tifs
Lundi on avait changé pour prendre le grand lit
Toute la semaine il semblait avoir bien investi
Ce nouveau domaine construit pour l’avenir
Mais vendredi horreur au bout du couloir
Le roi se lève et hurle son désespoir
Réveillant Surprise en train de dormir
Negociations serrées  il retourne dans sa couche
On laisse la porte ouverte mais tu fermes ta bouche
Aujourd’hui pas de tracas comme si de rien était
L’enfant s’est endormi avec un air satisfait
Est-ce que je saurai jamais ce qui l’a contrarié
Les peurs de mon petit roi sont de grands secrets


15 février 2011

Un simple coup de fil.

Sa majesté investit le téléphone
Au bout de la ligne ses paroles résonnent
Il n’y a dans ses propos rien que de très ordinaire
Des questions intéressées des paroles intéressantes
Le petit roi s’inquiète du monde que je fréquente
Il me mène adroitement au bout de ses repères
Et si je ne savais pas qu’au bout du fil l’autisme se profile
Je le trouverais bien anodin ce fameux coup de fil
Mais j’entends à chaque mot les progrès accomplis
Tout ce qui travaillé fait que notre homme réussit
A se faire passer pour le commun des mortels
Bravo petit roi tu illumines mon ciel

18 mai 2012

Une quiche au thon.

Ca faisait longtemps qu’on n’avait pas pris
Le chemin de la cuisine ensemble
Longtemps que nos après-midis ressemblent
A des séances d’école mais voilà qu’aujourd’hui
Un air de fantaisie s’impose et le petit roi tout content
Bats des ailes pour montrer qu’il apprécie ce moment
Il prépare avec amour un petit plat salé pour sa famille
Tout nous sert de sujet pour développer ses aptitudes
Ouvrir une boite peser mesurer touiller tout se tortille
Pour transformer l’instant bonheur en plaisir de l’étude
Le résultat étant toujours à la hauteur de ses espérances
La cuisine est pour mon roi un univers entier de chance
Voilà pourquoi il faut que plus souvent se balance
Cette idée qui était autrefois si souvent de circonstance

24 mai 2012

Moi, je dis n’importe quoi.

Sa majesté inspirée par un démon passager
A entrepris de rêver au lieu de travailler à l’école
Il abreuve les géants de fausses paroles
Des réponses au hasard pour les faire enrager
Notre roi aujourd’hui n’a pas envie de travailler
Est-ce un souvenir de vacances qui le fait dérailler
Un pensée qui s’incruste et se met à tournoyer
Plus fort que les menaces qui ne le font ployer
A aucun prix aucune récompense ne le remet au pli
Tu ne le payes pas assez dirait les sujets avertis
Mais aujourd’hui les efforts sont hors de prix
L’esprit du roi s’octroi une plage de silence
L’oiseau lyre lui accorde une petite danse
Demain peut être les écarts seront finis
Promesse de roi qui sait adoucir notre courroux
Demain il sera un bon roi qui travaille beaucoup

17 septembre 2012

Tous les deux.

Alors que vous avancez tous les deux sur vos chemins
Tous les deux votre pinceau à la main
Donnant des couleurs à la vie qui vous a choisis si beaux
Alors que le soleil s’attarde à jouer sur la table
Et que nous sommes au beau fixe notre univers stable
Je pense à un enfant de la lune comme vous un cadeau
Qui a reçu pour infortune une assistante déchue un fardeau
Quelqu’un qui s’est laissé emporter par ses peurs terrifiantes
Et a levé la main laissant des traces sanguinolentes
Sur un visage d’incompréhension un regard effrayé d’oiseau
J’ai dans la bouche des vieux souvenirs aigris que je croyais avalés
Des soupçons des angoisses qui se sont ranimés
Et l’impression pourtant que vos mauvais passages
Appartiennent à des comportements d’un autre âge
Vous voyant tous les deux si bien choyés par vos écoles
Tout le monde s’appliquant autour des protocoles
Mais un ailleurs s’est infiltré jusqu’à nous
Ravivant les ardeurs des vieux jours qui étaient fous
Et je goute à moitié mon bonheur de vous voir si joyeux
Parce qu’un des vôtres en somme se trouve malheureux

1 décembre 2012

En Anglais dans le texte.

Petite mémoire courte mon roi répète inlassablement
La litanie du mot toujours le même jusqu’au bon moment
Celui où il s’accroche au plafond de la longue mémoire
Celle qui jamais ne chavire où l’on plante nos espoirs
A coup de répétitions mémorables dix fois vingt fois
Jamais je ne me lasse et je lui demande que veut dire ceci
Cela comment dit on écrire dessiner rêver peut être aujourd’hui
What did the teacher say dit le petit prince pour faire bonne mesure
Où a-t-il pioché cette phrase je ne me souviens pas de cette structure
Dans nos conversations en Anglais l’aurait il fabriqué tout seul
Savante déduction de nos apprentissages hebdomadaires
Ces enfants font vraiment tout ce qu’ils peuvent pour me plaire
Je jubile de leur savoir faire et savoure mon bon plaisir lorsqu’ils veulent
Bien avancer dans mes pas
Souviens-toi d’hier quand ils ne parlaient pas

22 août 2013

Orteil Royal.

Sur les sentiers de l’aventure
Au détour d’un chemin pernicieux
Mon petit roi s’est cassé la figure
Le gros orteil plutôt c’est bien fâcheux
Sur son vélo guidé par une étrange étoile
Qui s’est barrée sans doute a mis les voiles
Un abime se sera forcément ouvert devant lui
L’obligeant à rouler sur ses futurs ennuis
Mon roi comment cela s’est t’il passé
Je suis tombé dans le fossé
Mais pourquoi n’as-tu pas freiné
Ben moi j’ai pas freiné et j’ai beaucoup pleuré
L’étrange sabot qui lui sert de chaussure
Lui fait comme un bateau à sa mesure
Il transporte à nouveau sa bonne humeur
Clopin-clopant partout où son contagieux bonheur
Veut bien se laisser accepter
Aucune chute ne saura jamais l’entamer